
Edito publié dans le Bulletin 1700 de juin 2020
Nous voici au début de l’été. Après des mois de tristes nouvelles
et tant d’efforts pour limiter les conséquences sanitaires et humaines de cette pandémie – quels beaux élans de solidarité! – il est enfin temps de souffler, de reprendre progressivement nos habitudes, mais aussi de réfléchir à ce qui nous est arrivé. La facture humaine, sociale et économique s’annonce lourde. Ces dernières décennies, la Suisse, tout comme la majorité des nations occidentales, a délocalisé la production des biens essentiels qui ont fait défaut pendant les périodes clés de cette crise sanitaire: masques, gants, principes actifs des médicaments de base, réactifs pour analyses médicales, composants techniques de machines médicales, etc. «Trop cher à produire chez nous », ont longtemps chanté certains, les mêmes qui comptent aujourd’hui sur l’Etat, donc le contribuable, pour réparer les pots cassés. Ce faisant, nous nous sommes éloignés de la réalité, nous nous sommes affaiblis, en plus d’accélérer la crise climatique et d’augmenter les inégalités sociales. Dans cette crise, le Conseil fédéral a été à la hauteur et l’a gérée avec brio, devant composer avec les moyens à disposition. Aurait-il pu gérer cette pandémie différemment, si la Suisse avait été plus autonome et capable de produire, en coopération avec les nations voisines, tout ce qui nous a manqué, avec à la clé un bilan sanitaire allégé, des impacts limités sur l’emploi et l’économie et moins de dégâts sociaux ? Beaucoup se posent cette question – j’en fais partie. En nous souhaitant collectivement d’avoir la capacité d’apprendre de nos erreurs et de cheminer ensemble vers une normalité plus réfléchie, plus sociale, écoresponsable, et une économie durable, je vous souhaite à toutes et tous de passer un très bel et agréable été.
Pierre-Olivier Nobs